Par Vincent Carter
La communauté tutsie et banyamulenge annonce son intention de saisir la justice américaine, à Dallas (Texas), contre Jean-Claude Mubenga, présenté comme communicateur proche du président congolais Félix Tshisekedi. En cause : des propos publics attribués à l’intéressé, que des représentants communautaires qualifient d’apologie du génocide rwandais et d’incitation à un nouveau génocide visant les Tutsis congolais, notamment les Banyamulenge en République démocratique du Congo.
Des propos jugés déshumanisants
Selon plusieurs organisations et leaders communautaires, Jean-Claude Mubenga aurait, à plusieurs reprises et sur des plateformes publiques, employé des termes tels que « cafards » et « virus » pour désigner l’ensemble de la communauté congolaise tutsie et banyamulenge. Des expressions considérées comme déshumanisantes, rappelant un vocabulaire historiquement associé à des violences de masse.
Pour les plaignants potentiels, ces propos dépasseraient le cadre de l’opinion politique pour entrer dans celui de l’incitation à la haine ethnique, voire à la violence.
Une procédure envisagée devant les juridictions américaines
La démarche judiciaire envisagée s’appuierait sur le fait que les propos incriminés auraient été tenus depuis le territoire américain, ce qui pourrait permettre une saisine des tribunaux des États-Unis, notamment au titre des lois contre les discours de haine, l’incitation à la violence ou la discrimination, selon les conseils juridiques consultés par la communauté.
À ce stade, aucune plainte formelle n’a encore été rendue publique, mais des consultations juridiques seraient en cours afin d’évaluer les bases légales d’une action civile ou pénale.
Un climat régional et national déjà sous tension
Cette affaire intervient dans un contexte particulièrement sensible en RDC, où les discours de haine visant certaines communautés sont régulièrement dénoncés par des organisations de défense des droits humains. Plusieurs acteurs de la société civile estiment que des appels à l’extermination des Tutsis et des Banyamulenge circulent dans l’espace public, parfois sans condamnation claire et systématique des autorités.
Certains militants affirment que l’absence de sanctions contre des discours jugés extrémistes pourrait contribuer à un climat d’impunité, dangereux dans un pays marqué par des conflits à répétition et des violences communautaires.
Des accusations graves, une réponse attendue
Les accusations portées contre Jean-Claude Mubenga sont fermement contestées ou non commentées à ce stade par l’intéressé et par les autorités congolaises. Aucune décision judiciaire n’a été rendue, et la présomption d’innocence demeure.
Toutefois, pour les représentants de la communauté tutsie et banyamulenge, l’enjeu dépasse un cas individuel. Il s’agit, selon eux, de poser une limite claire à des discours qu’ils jugent dangereux et de prévenir toute escalade de la violence.
Une affaire suivie de près
Si elle aboutit, cette procédure pourrait constituer un précédent juridique important, impliquant la responsabilité de personnalités politiques ou de communicateurs opérant depuis l’étranger, mais s’exprimant sur des enjeux internes à la RDC.
Dans un pays où l’histoire récente reste marquée par des traumatismes collectifs, la question des mots, de leur portée et de leurs conséquences demeure centrale.
Affaire à suivre.