Par Vincent Carter
Lubumbashi, RDC — À Lubumbashi, capitale économique du Haut-Katanga, le climat sécuritaire s’est dangereusement détérioré ces dernières heures. Dans plusieurs quartiers de la ville, des scènes de chaos urbain ont éclaté en plein jour, mettant à nu une fragilisation inquiétante de l’autorité de l’État.
Affrontements en pleine rue
Des groupes de « shegués » et de kuluna ont affronté les forces de l’ordre dans des heurts d’une rare violence. Armés de pierres, de bâtons et parfois de machettes, des jeunes ont défié ouvertement la police, provoquant la panique parmi les habitants déjà exaspérés par la montée de l’insécurité.
Des vidéos massivement relayées sur les réseaux sociaux montrent des policiers pris à partie, contraints de reculer face à des vagues de jeunes en furie. Plusieurs témoins évoquent des commerces forcés de fermer précipitamment et des quartiers entièrement paralysés.
Un sentiment d’abandon généralisé
“Lubumbashi est laissée à elle-même”, déplore un habitant de la commune de Kenya, joint par téléphone. Pour de nombreux Lushois, ces affrontements symbolisent un malaise profond et un sentiment d’abandon face à la montée de la criminalité urbaine.
Des membres influents de la société civile locale ont dénoncé une absence de réaction ferme et coordonnée des autorités provinciales. Beaucoup pointent directement la responsabilité du gouverneur intérimaire Martin Kazembe, accusé de “laisser la situation pourrir”.
L’autorité provinciale sous pression
Selon plusieurs leaders communautaires, la gestion sécuritaire du Haut-Katanga serait “à la dérive”, avec des interventions policières jugées sporadiques, mal préparées et insuffisantes pour contenir les groupes violents.
“Nous tirons la sonnette d’alarme : l’État recule, les gangs avancent”, déclare un acteur de la société civile.
“Si rien n’est fait immédiatement, Lubumbashi risque de basculer dans un cycle d’insécurité incontrôlable.”
Silence des autorités
Contactées par nos soins pour commenter la situation et préciser les mesures envisagées, les autorités provinciales n’ont pas donné suite à nos appels.
Une ville au bord du point de rupture
Alors que la capitale cuprifère du pays joue un rôle économique essentiel, ces événements remettent au centre du débat la question de la sécurité urbaine, de la gouvernance locale et de la capacité des institutions à protéger les populations.
Les habitants, eux, redoutent que ces violences ne soient que le prélude à une spirale encore plus dangereuse.