Par Vincent Carter
Enquête : Des soupçons de détournement autour du programme de salubrité à Kinshasa
Kinshasa — Selon plusieurs sources internes concordantes consultées par notre rédaction, une enquête financière discrète serait en cours sur la gestion de plus de 300 millions de dollars alloués par le gouvernement central au programme de salubrité de la ville de Kinshasa. Ces fonds, destinés au nettoyage des avenues, à l’évacuation des immondices et à l’assainissement des routes, auraient été en partie détournés vers des comptes privés appartenant à différents acteurs politiques et religieux.
Des personnalités citées dans l’enquête
D’après ces sources, le ministre provincial Daniel Bumba serait au centre de ces soupçons, accompagné de plusieurs personnalités proches du pouvoir. Les noms du pasteur Mukuna, d’Augustin Kabuya, ainsi qu’une femme dont l’identité n’a pas encore été divulguée, apparaissent dans les documents consultés par nos informateurs.
Aucun de ces acteurs n’a été officiellement inculpé, mais les enquêteurs financiers auraient retracé des flux suspects vers des sociétés considérées comme « fictives » ou « non opérationnelles », reliées aux personnes citées.
La saleté de Kinshasa, un enjeu politique explosif
La capitale congolaise traverse depuis des mois une crise de salubrité sans précédent :
- montagnes d’ordures,
- caniveaux bouchés,
- insalubrité dans plusieurs communes,
- axes routiers envahis par les déchets.
Cette situation, selon certains analystes interrogés, alimente la colère populaire et fragilise l’image du pouvoir.
Toujours selon nos sources, Félix Tshisekedi considérerait la gestion catastrophique de la salubrité comme un potentiel sabotage interne, susceptible de provoquer un soulèvement populaire dans un contexte politique déjà tendu.
Des fonds qui disparaissent
Les documents consultés indiquent qu’une grande partie des montants versés pour l’assainissement :
- aurait été retirée en liquide,
- ou transférée vers des comptes privés à l’étranger,
- via une série de “micro-sociétés” créées récemment.
Les enquêteurs tenteraient actuellement de déterminer qui a autorisé les décaissements, qui a validé les marchés publics, et où est passé l’argent destiné à nettoyer la capitale.
Arrestations possibles ?
Toujours selon nos informations, des interpellations seraient envisagées lorsque les conclusions provisoires de l’enquête financière seront finalisées.
Aucune date n’a été confirmée, et aucune autorité judiciaire ne s’est prononcée publiquement sur l’affaire.
Silence officiel
Contactés pour réagir :
- Daniel Bumba,
- Augustin Kabuya,
- le pasteur Mukuna,
n’ont pas répondu à nos sollicitations au moment de la publication de cet article.
L’Hôtel de Ville de Kinshasa, tout comme les services du gouvernement central, s’est également abstenu de tout commentaire.
Affaire à suivre
L’enquête se poursuit, et de nouvelles révélations pourraient émerger dans les jours à venir.
La question centrale reste entière : où sont passés les centaines de millions destinés à rendre Kinshasa propre ?