Lu pour vous par Vincent Carter
Analyse du discours de Félix Tshisekedi à Bruxelles
Félix Tshisekedi a tenté un geste diplomatique audacieux : tendre la main à Paul Kagame, président du Rwanda, pour mettre fin à la guerre dans l’Est congolais. Ce plaidoyer, présenté comme un appel à la paix, constitue une fuite en avant qui esquive les causes profondes du conflit, toutes enracinées dans les dysfonctionnements internes de la RDC.
En omettant ces racines congolaises, Tshisekedi fragilise sa position, démoralise ses troupes, fracture ses partisans extrémistes et ‘expose à une perte de crédibilité internationale. Une omission des causes congolaises La guerre dans l’Est, bien que marquée par des tensions régionales, trouve son origine dans les failles structurelles de la RDC. Le régime de Tshisekedi, consolidé par des fraudes électorales en 2018 et 2023, repose sur une governance autoritaire: répression des opposants, violations systématiques des droits humains, et exclusion des communautés, notamment au Nord et Sud-Kivu.
Le pillage des resources – cobalt, or, coltan – alimente une élite prédatrice à Kinshasa, tandis que l’Est, privé ‘infrastructures et de cohésion sociale, sombre dans l’anarchie. Ces dynamiques internes – corruption endémique, marginalisation des populations locales, absence d’État de droit – sont les véritables moteurs du conflit. En tendant la main à Kagame, Tshisekedi contourne cette réalité, préférant une posture diplomatique à une introspection nécessaire.
Son silence sur ces causes congolaises, loin de désamorcer la crise, la perpétue en évitant les réformes fondamentales. Seul le dialogue politique inclusif préconisé par la CENCO-ECC pet conduire à une paix durable en RDCongo. Le Rwanda et la question des FDLR Le Rwanda, de son côté, peut tirer une satisfaction tactique de ce discours. Kigali, qui accuse depuis longtemps Kinshasa d’armer les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), ces milices génocidaires intégrées dans les interstices des FARDC, note ave intérêt l’absence de toute mention de cette problématique. Tshisekedi, en éludant le soutien de son régime aux FDLR, évite de confronter une vérité gênante : son armée, en quête de contrepoids au M23, a entretenu ces groupes, aggravant les tensions régionales. Cette omission stratégique, si elle apaise momentanément Kigali, ne résout rien. Tshisekedi conforte le Rwanda dans sa position de force, tout en permettant à Kagame de maintenir la pression sur la RDC, sans avoir à répondre de son propre rôle dans le soutien présumé au M23.
Le silence de Tshisekedi sur les FDLR, loin d’être un oubli, est un calcul qui trahit son incapacité à assumer les conséquences de ses choix militaires. Une militarisation chaotique et ses conséquences L’appel à la paix de Tshisekedi masque une faillite stratégique. En armant les FDLR et en soutenant les Wazalendo, milices devenues ingouvernables, le président a contribué à l’escalade du conflit. Ces groupes, rejoints par d’autres factions armées, opèrent sans cohérence ni contrôle, transformant l’Est en un patchwork de violences où Minova, Sake et les abords de Goma tombent sous l’avance du M23. Cette militarisation hasardeuse, loin de stabiliser la région, a accéléré la perte de territoires et révélé l’absence d’une armée nationale unifiée. Le discours de Bruxelles, en prônant la négociation plutôt que
la résistance, achève de démoraliser les FARDC. Les soldats, épuisés par des défaites répétées et un manque de resources, refusent désormais de monter au front pour un président perçu comme capitulant. Les désertions se multiplient, les casernes se vident, et le front s’effondre, laissant le M23 progresser sans entrave. La fracture avec les extrémistes Ce revirement diplomatique provoque une onde de choc parmi les partisans les plus radicaux de Tshisekedi, ces talibans » nationalistes qui voyaient en lui le défenseur d’un Congo souverain.
Leur réaction, relayée dans les rues de Kinshasa et sur les réseaux sociaux, est une condamnation virulente : Tshisekedi, en s’adressant à Kagame, trahit le Kivu » et « renie le sang des martyrs ». Pour ces ultras, toute négociation avec le Rwanda, perçu comme l’instigateur du M23, équivaut à une capitulation. Ils exigent une résistance sans compromis, prônant le enforcement des Wazalendo et l’escalade militaire, au risque d’enfoncer la RDC dans un chaos plus profond.
Cette fracture interne, exacerbée par un discours prononcé au lendemain de la condamnation à mort de son prédécesseur par une justice militaire discréditée, menace la cohésion du régime. Les extrémistes, désormais hostiles, pourraient se radicaliser davantage, transformant leur ferveur nationaliste en opposition ouverte. Une crédibilité internationale en chute Devant l’Union européenne et les leaders africains, Tshisekedi espérait restaurer son image par un geste de conciliation. Il n’a fait qu’exposer son isolement. Incapable de contrôler son armée, ses milices ou ses partisans, il apparaît comme un chef d’Etat sans assise, gouvernant un pays fracturé. Les partenaires internationaux, déjà sceptiques face à la dérive autoritaire de Kinshasa, doutent de sa capacité à stabiliser la RDC.
Le Rwanda, en évitant toute concession publique, conserve l’avantage stratégique. La fuite en avant de Tshisekedi, en ignorant les causes congolaises du conflit – governance défaillante, pillage, exclusion – et en passant sous silence le rôle des FDLR, ne résout rien. Elle précipite la RDC vers une triple impasse : un Etat désuni, une armée démotivée, et un président discrédité.