Par Vincent Carter

Kinshasa — Un propos tenu récemment par le général Eddy Kapend a suscité une vive attention : selon plusieurs extraits publiés sur les réseaux et repris par des médias, Kapend aurait laissé entendre qu’« on peut tout prendre tant qu’on ne prend pas le Katanga » — une formulation que certains analystes interprètent comme un appel implicite à concentrer les efforts sur la conquête du Grand Katanga pour renverser l’équilibre politique national.

Un message aux allures de conseil stratégique

Si l’on croit la transcription et les vidéos disponibles, le message de Kapend ne semble pas s’adresser ouvertement à une force militaire identifiée, mais son contenu — et surtout le choix des mots — a immédiatement été lu comme une consigne indirecte à l’intention de groupes armés hostiles à Kinshasa. Cette lecture gagne en poids dans le contexte actuel, où l’Alliance Fleuve Congo (AFC/M23), portée par des figures telles que Corneille Nangaa et le général Sultani Makenga, affiche des ambitions territoriales et politiques renforcées.

Contexte : une insurrection qui change d’échelle

Depuis la reconfiguration du M23 et la montée en visibilité de Corneille Nangaa, la dynamique des forces rebelles a changé : prises de villes importantes à l’est, discours de projection vers l’intérieur du pays, et mobilisation de nouveaux réseaux. Kinshasa a réagi en tentant de reprendre la main sur le plan diplomatique et militaire, mais la situation reste volatile.

Interprétations et risques

Notre analyse distingue trois lectures possibles du message attribué à Kapend :

  1. Avertissement stratégique — un constat sur la centralité politique et économique du Katanga, exprimé sans intention d’inciter à la violence.
  2. Conseil opérationnel — une injonction indirecte destinée aux acteurs armés pour concentrer leurs efforts sur le Sud (lecture que redoutent les autorités).
  3. Provocation politique — une tentative de fragiliser l’unité nationale en encourageant des fractures régionales.

Quelle que soit l’intention réelle, les conséquences pratiques sont lourdes : un appel — même voilé — à « prendre » une région aussi stratégique que le Grand Katanga peut attiser des offensives, radicaliser les logiques d’occupation et amplifier la crise humanitaire déjà présente dans l’est du pays.

Affaire à suivre