Par Vincent Carter
Sud-Kivu – La prise de Nzibira par les forces rebelles bouleverse les équilibres militaires et politiques en République démocratique du Congo. Selon plusieurs sources sécuritaires, cette avancée pourrait ouvrir un couloir d’expansion rapide pour les rebelles de l’AFC/M23, leur permettant de projeter leurs forces vers des villes stratégiques du centre du pays comme Kananga (Kasaï-Central) et Mbuji-Mayi (Kasaï-Oriental).
Une percée militaire à haut risque
Nzibira, localité située dans la province du Sud-Kivu, a longtemps été considérée comme un verrou sécuritaire. Sa chute remet en cause la capacité des Forces armées congolaises (FARDC) à contenir l’avancée des rebelles. Les analystes estiment que la perte de cette position pourrait déclencher une dynamique de progression éclair, menaçant l’équilibre national.
« Nzibira n’est pas une simple localité, c’est une porte d’entrée. Si les rebelles consolident cette prise, ils pourront rapidement s’appuyer sur ce couloir pour descendre vers le centre et l’extrême sud du pays », explique un expert militaire basé à Kinshasa.
Le spectre de Kananga et Mbuji-Mayi
Les regards se tournent désormais vers Kananga et Mbuji-Mayi, deux grandes villes du centre de la RDC, vitales pour le contrôle politique et économique du pays. Une offensive sur ces zones marquerait une rupture majeure : non seulement elle couperait le pays en deux, mais elle fragiliserait directement l’assise électorale du président Félix Tshisekedi dans son propre fief kasaïen.
Le rôle de Corneille Naanga et du général Makenge
Selon des informations persistantes, Corneille Naanga, ancien président de la CENI, et le général Makenge seraient en train de préparer une descente coordonnée sur les provinces minières du Lualaba et du Haut-Katanga. Une telle manœuvre, si elle se confirmait, donnerait aux insurgés un levier économique décisif : le contrôle partiel des richesses minières du cuivre et du cobalt, colonne vertébrale de l’économie congolaise.
Vers une crise de régime ?
La combinaison de ces offensives – progression de l’AFC/M23 vers le centre et offensive parallèle sur les provinces minières – pourrait constituer le scénario le plus redouté par Kinshasa : un effondrement en cascade du dispositif sécuritaire national.
De nombreux observateurs évoquent déjà la prise de Nzibira comme le possible déclencheur de la chute du régime Tshisekedi, incapable de contenir simultanément plusieurs fronts et confronté à des fissures internes dans sa coalition politique.
Dans les prochains jours, la RDC pourrait entrer dans une zone de turbulences inédite. La capacité de l’armée à reprendre l’initiative militaire sera déterminante pour savoir si Nzibira restera un épisode isolé ou le point de bascule vers une recomposition brutale du pouvoir au Congo.