Par Vincent Carter
Depuis plusieurs mois, l’insécurité urbaine ne cesse de croître dans les grandes villes de la République démocratique du Congo, notamment à Kinshasa, Lubumbashi, Goma ou encore Kisangani. Dans certains quartiers, les citoyens vivent dans la peur permanente, les braquages en plein jour se multiplient, et des gangs armés imposent leur loi dans une impunité quasi totale. Une situation qui fait dangereusement écho à celle d’Haïti, aujourd’hui reconnu comme un État failli où les institutions ont pratiquement perdu tout contrôle sur le territoire.

Des gangs dans les rues congolaises
Des témoignages font état de bandes organisées, souvent composées de jeunes désœuvrés, lourdement armés, qui terrorisent les habitants, violent des jeunes filles, et braquent des commerces ou des passants sans être inquiétés par les forces de l’ordre. À Kinshasa, le phénomène des Kuluna — autrefois marginal — semble aujourd’hui se structurer, se militariser, et même s’étendre à d’autres villes du pays.
Une police débordée et désorganisée
Face à cette montée de la violence, les forces de sécurité apparaissent mal équipées, mal formées, et parfois complices des exactions. Des agents sont régulièrement accusés de collusion avec les gangs, ou d’abus sur les civils eux-mêmes. Le manque de leadership clair, le non-paiement des salaires, et l’inefficacité des structures judiciaires n’arrangent rien à une situation déjà explosive.

Félix Tshisekedi face à une crise de légitimité sécuritaire
Le Président Félix Tshisekedi, élu en 2019 et réélu en 2023, avait promis de restaurer l’autorité de l’État et de garantir la sécurité à tous les citoyens. Mais à mi-mandat, le chaos urbain, la recrudescence des violences à l’Est, et l’incapacité à réformer les institutions sécuritaires posent la question de sa responsabilité et de sa capacité réelle à diriger un pays qui vacille.
Comparaison avec Haïti : un parallèle inquiétant
Comme en Haïti, la faiblesse des institutions, la corruption généralisée, le désespoir économique et la jeunesse abandonnée nourrissent un terreau fertile pour l’émergence de milices et de bandes criminelles. La principale différence : la RDC possède des ressources naturelles colossales, qui, si elles étaient bien gérées, pourraient offrir des solutions durables. Mais en l’état actuel, le Congo glisse lentement mais sûrement vers une forme d’effondrement sécuritaire qui menace sa souveraineté même.
Conclusion
L’avenir immédiat du Congo dépendra de sa capacité à restaurer l’autorité de l’État, désarmer les milices urbaines, et réformer en profondeur ses services de sécurité et de justice. Sans cela, la comparaison avec Haïti ne relèvera plus de la métaphore, mais du constat brutal d’une nation en échec.