Par Vincent Carter
Washinghton, 21 juillet 2025 — Face à la persistance du conflit armé opposant les rebelles du M23/AFC aux forces congolaises et aux groupes d’autodéfense locaux dans l’est de la République démocratique du Congo, les États-Unis ont réaffirmé leur détermination à œuvrer pour une paix durable. Dans une déclaration publiée ce week-end par le département d’État américain, Washington appelle au respect de la souveraineté congolaise, à la fin immédiate des hostilités et à la restauration de l’autorité de l’État dans les zones affectées.
« Les États-Unis restent déterminés à œuvrer pour une paix dans l’est de la RDC, une paix qui aboutira à la restauration de l’autorité de ce pays et à une gouvernance inclusive, au bénéfice de tous les Congolais », peut-on lire dans le communiqué officiel.
Un appui diplomatique renforcé
Cette déclaration intervient alors que les combats se sont intensifiés ces dernières semaines dans les territoires de Masisi, Rutshuru et Nyiragongo, où les rebelles du M23, regroupés sous la bannière de l’Alliance Fleuve Congo (AFC), continuent de gagner du terrain face aux forces armées de la RDC (FARDC) et aux groupes Wazalendo.
Le gouvernement américain exhorte toutes les parties prenantes à revenir à la table des négociations dans le cadre des initiatives régionales, notamment celles de Luanda et Nairobi, souvent fragilisées par des violations répétées du cessez-le-feu.
« La paix passe par un dialogue sincère, le respect du droit international et l’inclusion de toutes les communautés affectées », insiste la diplomatie américaine, tout en appelant au retrait immédiat des forces étrangères non autorisées présentes sur le sol congolais — une allusion directe à l’implication présumée du Rwanda aux côtés du M23, ce que Kigali dément régulièrement.
Une pression croissante sur les acteurs régionaux
Les États-Unis semblent vouloir renforcer leur rôle diplomatique dans le dossier congolais, alors que l’instabilité dans la région des Grands Lacs menace non seulement la sécurité intérieure de la RDC, mais aussi la stabilité du corridor économique régional, incluant l’Ouganda, le Rwanda et le Burundi.
En mars dernier, l’envoyé spécial américain pour les Grands Lacs, avait déjà dénoncé l’appui militaire étranger au M23, tout en plaidant pour une approche multilatérale et régionale afin de désamorcer le conflit.
Vers une gouvernance inclusive ?
Au-delà de l’aspect sécuritaire, les États-Unis insistent également sur la nécessité de réformes internes en RDC, notamment en matière de gouvernance, de décentralisation et de participation citoyenne.
« Une paix durable ne peut être construite sans justice, équité et inclusion. Toutes les voix doivent être entendues pour reconstruire un avenir commun », a ajouté un responsable de l’ambassade américaine à Kinshasa.
Cette position rejoint les appels de la société civile congolaise et de certaines figures de l’opposition, comme Moise Katumbi, qui estiment que la crise dans l’est ne peut être résolue uniquement par les armes, mais exige une réforme profonde de l’État et une véritable réconciliation nationale.
Contexte : Le M23/AFC est un groupe armé majoritairement tutsi, réactivé en 2021, qui affirme lutter pour les droits de ses communautés, mais dont les offensives militaires sont perçues par Kinshasa comme une agression soutenue par Kigali. Le conflit a provoqué le déplacement de plus de 2,5 millions de personnes dans l’est du pays, avec une situation humanitaire catastrophique.
À suivre : Washington envisage de convoquer une réunion diplomatique régionale dans les prochaines semaines, en coordination avec l’Union africaine et la CIRGL. L’objectif : relancer le dialogue, éviter une guerre régionale, et garantir à long terme la paix, la souveraineté et la stabilité de la RDC.