Par Vincent Carter

Kinshasa, 21 juillet 2025 — Le président de la République démocratique du Congo, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, a donné un ordre clair et sans appel : les services non indispensables opérant aux postes frontaliers doivent être retirés sans délai. Cette décision s’inscrit dans le cadre de la lutte contre les tracasseries administratives et les abus multiformes qui minent le commerce transfrontalier et freinent la croissance économique nationale.

Un message fort contre la corruption de routine

Lors d’un récent conseil des ministres, le chef de l’État a fustigé la prolifération de services étatiques et paraétatiques aux frontières, dont la présence non justifiée contribue à des retards, à des extorsions et à la corruption systémique subies quotidiennement par les opérateurs économiques, les voyageurs et les transporteurs.

« Il est inacceptable que des citoyens congolais et des commerçants étrangers soient rançonnés ou ralentis dans leurs activités à cause de structures sans base légale ni utilité réelle », a martelé Félix Tshisekedi, selon le compte rendu officiel de la réunion.

Une mesure pour relancer l’économie et améliorer l’image du pays

Le président a instruit le gouvernement, à travers le ministre de l’Intérieur, celui des Finances, et les services de douanes et de sécurité, de dresser un audit complet des postes frontaliers dans les 26 provinces et de procéder au démantèlement immédiat des services illégaux ou redondants.

Cette décision vise à fluidifier le commerce régional, réduire le coût de passage des frontières et rassurer les investisseurs et les pays voisins, dans un contexte où la RDC cherche à améliorer sa note dans les classements internationaux de gouvernance et de compétitivité.

Une mesure saluée mais attendue sur le terrain

Du côté des associations de transporteurs, des commerçants transfrontaliers et de la société civile, la décision présidentielle est globalement saluée. Toutefois, plusieurs voix appellent à la vigilance dans la mise en œuvre, rappelant que ce n’est pas la première fois qu’une telle directive est prise sans effets durables.

« Ce que nous voulons, ce n’est pas seulement une annonce, mais une application stricte, avec des sanctions contre les responsables qui continuent à semer la pagaille à nos frontières », a déclaré un responsable de la Fédération des Entreprises du Congo (FEC) à Goma.

Un test de crédibilité pour les institutions

Cette nouvelle croisade contre les tracasseries administratives est perçue comme un test de la volonté politique réelle du gouvernement de Tshisekedi à moderniser la gouvernance publique et à débureaucratiser l’État congolais. Le succès de cette initiative dépendra largement de la capacité des ministères et services concernés à agir avec rigueur, transparence et rapidité.


Contexte : La RDC partage ses frontières avec neuf pays. Les postes frontaliers, bien que stratégiques pour le commerce et la sécurité, sont souvent décriés pour être des zones d’enrichissement illicite. Plusieurs études régionales estiment que les tracasseries aux frontières coûtent chaque année des millions de dollars à l’économie congolaise.


À suivre : Une mission interministérielle devrait se rendre dans les principaux postes frontaliers dans les prochains jours pour évaluer le processus de retrait. Le président a exigé un rapport détaillé dans les deux semaines.