Par Vincent Carter

Lubumbashi, 21 juillet 2025 — La Direction Générale de Migration (DGM) a lancé ce lundi des investigations officielles afin de retrouver la trace de Jacques Kyabula, l’ancien gouverneur du Haut-Katanga, dont l’absence prolongée à Lubumbashi a suscité l’inquiétude et de nombreuses interrogations au sein de la classe politique et sécuritaire locale.

Selon des sources proches des services de sécurité, Kyabula, qui a récemment quitté le territoire national dans des circonstances jugées « floues », se trouverait actuellement à Bruxelles, en Belgique, où il aurait entamé des démarches de coopération avec des juridictions européennes, dans le cadre d’un dossier explosif lié au pillage présumé des ressources du Grand Katanga.

Un départ discret, une destination controversée

D’après nos sources, l’ancien gouverneur aurait quitté Lubumbashi via une escale en Afrique de l’Ouest, avant de rejoindre discrètement la Belgique il y a plusieurs semaines. Ce départ n’aurait pas été notifié aux autorités migratoires, d’où l’activation d’une procédure d’enquête interne par la DGM.

Des éléments obtenus auprès d’un diplomate africain en poste à Bruxelles font état d’une possible collaboration de Kyabula avec des enquêteurs européens travaillant sur des circuits de blanchiment d’argent et de détournements de fonds publics, impliquant des membres influents de la famille présidentielle congolaise, notamment dans la gestion des entreprises minières du Grand Katanga.

Silence radio à Kinshasa

Du côté du gouvernement central, aucune communication officielle n’a encore été faite à ce sujet. Mais selon un conseiller sécuritaire ayant requis l’anonymat, des instructions fermes ont été données pour localiser l’ancien gouverneur, et éventuellement le poursuivre pour atteinte à la sûreté de l’État, si les soupçons de dénonciation devant une juridiction étrangère sont avérés.

« L’État ne peut pas tolérer que des secrets de souveraineté soient divulgués à l’extérieur à des fins politiques ou personnelles », a-t-il déclaré.

Des réactions contrastées dans l’opinion publique

Alors que certains dénoncent un règlement de comptes politique, d’autres saluent le geste de Jacques Kyabula, le qualifiant d’acte de courage face à l’impunité et au pillage des ressources du sud du pays. Sur les réseaux sociaux, le hashtag #JusticePourLeKatanga gagne en popularité, porté par des jeunes militants et des membres de la diaspora katangaise.

« Si Kyabula témoigne réellement contre la mafia politico-économique qui a saigné le Katanga, il mérite protection et soutien », a réagi un député katangais de l’opposition sur X (anciennement Twitter).

Un dossier à suivre de très près

Ce nouvel épisode ajoute une tension supplémentaire dans le climat politique déjà fragile de la RDC, à quelques mois d’échéances politiques majeures. Le silence persistant de Jacques Kyabula, malgré les appels à clarification, ne fait qu’amplifier les spéculations.


Contexte : Jacques Kyabula, élu gouverneur du Haut-Katanga en 2019, a longtemps été considéré comme un proche du régime de Félix Tshisekedi. Toutefois, ces dernières années, ses relations avec la Présidence se seraient refroidies, notamment en raison de divergences sur la gestion minière et les nominations locales.


À suivre : La DGM promet de publier un rapport préliminaire sur la situation de Jacques Kyabula dans les jours à venir. Pendant ce temps, les observateurs s’interrogent : s’agit-il d’un exil volontaire, d’une fuite, ou d’un début de révélations à haut risque ?