Par Vincent Carter

“La guerre menée par M. Tshisekedi n’est pas un réflexe souverain de la part de la RDC, mais un stratagème lucratif de lui et de sa famille biologique pour occuper tous les gisements miniers de notre pays en vendant les terres rares (minerais stratégiques).”

Dans une lettre ouverte adressée aux chefs d’État de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC), Corneille Naanga, le president de l’AFC/M23, accuse le président congolais Félix Tshisekedi de transformer la guerre à l’est de la République Démocratique du Congo (RDC) en une entreprise lucrative pour sa famille. Cette missive, qui a suscité de vives réactions, met en lumière des allégations graves sur la gestion des ressources minières du pays et interroge sur les motivations réelles derrière le conflit qui ravage la région.

Corneille Naanga affirme que la guerre menée par Félix Tshisekedi à l’est de la RDC n’est pas une réponse souveraine aux agressions extérieures, mais plutôt un « stratagème lucratif » destiné à permettre à sa famille biologique de s’approprier les gisements miniers du pays. Selon lui, « de l’Ituri au Lualaba, en passant par Rubaya (Nord-Kivu), tous les sites miniers sont ou étaient occupés par la famille biologique de M. Tshisekedi ».

Ces accusations, si elles s’avéraient fondées, révéleraient une exploitation systématique des ressources minières de la RDC au profit d’intérêts privés, au détriment du peuple congolais. Naanga pointe du doigt les « terres rares » et les minerais stratégiques, essentiels pour les industries technologiques mondiales, qui seraient ainsi pillés par des acteurs proches du pouvoir.

La lettre de Corneille Naanga s’inscrit dans un contexte plus large de critiques récurrentes sur la gestion des ressources naturelles de la RDC. Le pays, souvent qualifié de « scandale géologique » en raison de ses immenses richesses minières, reste paradoxalement l’un des plus pauvres au monde. Cette situation est souvent attribuée à une corruption endémique et à une exploitation opaque des ressources, au profit d’une élite restreinte.

Naanga accuse Tshisekedi de perpétuer ce système, en utilisant le conflit à l’est comme un écran de fumée pour masquer l’accaparement des mines par sa famille. « La guerre n’est qu’un prétexte pour occuper les sites miniers et vendre les minerais stratégiques à des prix dérisoires », affirme-t-il.

Ces accusations, si elles sont prises au sérieux par les chefs d’État de la SADC et de l’EAC, pourraient avoir des implications majeures pour la stabilité régionale. La RDC est un acteur clé en Afrique centrale et australe, et toute instabilité dans le pays a des répercussions sur ses voisins. Si la guerre à l’est est effectivement instrumentalisée pour des gains personnels, cela remet en question les efforts de paix et de coopération régionale.

Naanga appelle les dirigeants de la SADC et de l’EAC à ne pas se laisser tromper par les discours officiels et à enquêter sur les allégations de pillage des ressources minières. « La communauté internationale doit prendre ses responsabilités et mettre fin à cette exploitation illégale qui alimente le conflit et la pauvreté en RDC », écrit-il.

La lettre de Corneille Naanga a déjà suscité des réactions contrastées. Pour certains, elle est un cri d’alarme nécessaire pour dénoncer les dérives d’un système qui prive le peuple congolais de ses richesses. Pour d’autres, elle relève de la provocation et de la désinformation, visant à affaiblir le régime de Tshisekedi à un moment où le pays traverse une crise complexe.

Cependant, au-delà des polémiques, cette lettre pose des questions essentielles sur la gouvernance des ressources naturelles en RDC. Elle rappelle que, sans transparence et sans redevabilité, les richesses du pays continueront à être une source de conflits plutôt que de développement.

La lettre ouverte de Corneille Naanga, aussi polémique soit-elle, met en lumière des enjeux cruciaux pour l’avenir de la RDC. Elle interpelle la communauté internationale, les dirigeants régionaux et les Congolais eux-mêmes sur la nécessité de garantir une gestion transparente et équitable des ressources minières.

Si les allégations de Naanga sont vérifiées, elles pourraient marquer un tournant dans la lutte contre la corruption et l’exploitation illégale des ressources en RDC. Dans le cas contraire, elles risquent d’alimenter les divisions et les tensions dans un pays déjà fragilisé par des décennies de conflits.

Une chose est sûre : la question de la gouvernance minière reste au cœur des défis de la RDC, et elle ne pourra être résolue que par un engagement collectif en faveur de la transparence, de la justice et du respect des droits du peuple congolais.