Par Vincent Carter

Analyse : Que retenir de la visite de Fifi Masuka au Vatican ?

Le 4 janvier 2025, Fifi Masuka, gouverneure de la province du Lualaba en République Démocratique du Congo, a été reçue par le Pape François au Vatican. Cette rencontre a suscité des réactions variées, mêlant reconnaissance, scepticisme, et controverses. Entre son image publique de leader engagée et les critiques acerbes de ses détracteurs, l’événement mérite une analyse approfondie.

Fifi Masuka : une gouverneure entre engagement et controverse

Fifi Masuka, connue pour ses initiatives en faveur du développement de la province du Lualaba, se positionne comme une figure de proue du leadership féminin en RDC. Elle a multiplié les actions dans les domaines sociaux, éducatifs et religieux, notamment par la construction de grottes mariales, la réhabilitation d’églises, et le soutien à des projets en faveur des femmes et des jeunes filles. Ces engagements ont renforcé son image de gouverneure dévouée et d’actrice influente dans la société congolaise.

Cependant, cette image publique positive est ternie par des accusations de népotisme et de mauvaise gestion. Selon plusieurs sources locales, la province du Lualaba serait gérée comme une « entreprise familiale », où des proches de Fifi Masuka domineraient les secteurs miniers et administratifs. Ces allégations, si elles sont avérées, mettent en lumière une gouvernance opaque et un possible conflit d’intérêts.

Une audience papale symbolique

La visite de Fifi Masuka au Vatican semble répondre à une double stratégie : consolider son image de leader proche des valeurs chrétiennes et apaiser les critiques locales et internationales sur sa gestion. Son entretien avec le Pape François a notamment porté sur son implication dans la Fondation Pape François pour l’Afrique et sur son engagement pour les plus vulnérables.

Mais au-delà des déclarations officielles, cette audience soulève des questions. Le Pape, en recevant une personnalité controversée, mesure-t-il pleinement les ramifications politiques et éthiques associées à cette rencontre ? Loin d’être un simple échange spirituel, cette audience pourrait être perçue comme une tentative de légitimation par l’Église catholique d’une dirigeante dont la gestion est critiquée.

Les critiques : entre dénonciation et exagération

Les critiques à l’égard de Fifi Masuka ne s’arrêtent pas à sa gouvernance. Certains opposants l’accusent même de pratiques occultes, renforçant ainsi une campagne de dénigrement souvent utilisée dans les cercles politiques congolais pour discréditer les femmes en position de pouvoir. Ces allégations, bien que non vérifiées, révèlent une société encore marquée par des préjugés et une volonté de fragiliser les figures féminines influentes.

Un message pour l’Église et la RDC

La rencontre entre Fifi Masuka et le Pape François pose une question clé : quelle est la responsabilité de l’Église face à des personnalités politiques controversées ? Si l’Église doit accueillir et dialoguer avec tous, elle ne peut ignorer les préoccupations légitimes soulevées par les citoyens congolais concernant la gouvernance du Lualaba.

Pour Fifi Masuka, cette audience représente une opportunité de redorer son image. Cependant, ses engagements auprès des plus vulnérables et son discours devant le Vatican doivent être suivis d’actions concrètes pour répondre aux critiques de sa gestion locale.

Conclusion

La visite de Fifi Masuka au Vatican reflète la complexité des relations entre religion et politique en Afrique. Tandis qu’elle se présente comme une dirigeante engagée et proche des valeurs chrétiennes, ses détracteurs pointent du doigt une gestion provinciale marquée par des pratiques discutables. La symbolique de sa rencontre avec le Pape pourrait renforcer son positionnement politique, mais le véritable défi reste d’améliorer la gouvernance du Lualaba pour répondre aux aspirations de ses citoyens.

Que le Pape François l’exorcise ou non, le véritable exorcisme attendu par les Congolais est celui de la corruption et des inégalités qui gangrènent leur nation.