Par Vincent Carter Kazadi
Alors que Félix Tshisekedi Tshilombo envisage des réformes constitutionnelles controversées en République Démocratique du Congo (RDC), un parallèle historique mérite d’être rappelé : celui d’Alpha Condé, ancien président de la Guinée. Porté au pouvoir par une promesse de changement et d’intégrité, Condé est devenu, à sa chute, l’exemple parfait des dangers d’un pouvoir démesuré et de l’ambition autoritaire.

Alpha Condé, malgré une popularité initiale, a vu sa légitimité s’effriter lorsqu’il a tenté de modifier la constitution de son pays pour s’octroyer un troisième mandat en 2020. Cette décision a suscité une vague de mécontentement populaire, accompagnée d’une répression sanglante des manifestations. Condé, autrefois loué pour son rôle d’opposant historique, a fini par sombrer dans l’autoritarisme, affirmant qu’il ne recevait “aucune leçon de personne.” Mais à peine un an plus tard, en septembre 2021, un coup d’État militaire, soutenu par une partie de la population exaspérée, l’a contraint à quitter le pouvoir. L’image de Condé, assis pieds nus dans un salon après son arrestation, a marqué les esprits, symbolisant la fragilité d’un règne basé sur la répression et la surenchère politique.
Un avertissement pour Tshisekedi ?
Aujourd’hui, Tshisekedi semble emprunter une voie similaire. Son désir apparent de réviser la constitution soulève des inquiétudes parmi les Congolais, qui redoutent une concentration excessive du pouvoir et une atteinte à l’alternance démocratique. À mesure que les tensions augmentent, il devient crucial de rappeler que l’histoire regorge d’exemples de dirigeants ayant perdu contact avec les aspirations de leurs peuples, souvent au prix de leur propre renversement.
En RDC, l’héritage démocratique est fragile, mais précieux. La présidence de Tshisekedi, marquée par des promesses de réforme et de lutte contre la corruption, est scrutée par une population qui aspire à une gouvernance transparente et inclusive. Toute tentative de manipulation des institutions ou d’allongement du mandat présidentiel risque de provoquer une réaction similaire à celle observée en Guinée.
Leçons de leadership
Alpha Condé a appris à ses dépens qu’aucune puissance ne peut résister à la colère d’un peuple déterminé. La RDC, riche de son potentiel mais minée par des décennies de mauvaise gouvernance, mérite mieux qu’un président qui privilégierait ses ambitions personnelles au détriment de l’intérêt collectif.
Tshisekedi doit comprendre que le pouvoir est éphémère, et que son véritable héritage résidera dans sa capacité à respecter et à renforcer les institutions démocratiques. Plutôt que de s’entêter dans des réformes perçues comme antidémocratiques, il gagnerait à écouter son peuple, à éviter la dérive autoritaire et à se concentrer sur des réformes réelles et inclusives.
L’histoire récente nous enseigne que persister dans une voie qui méprise la volonté populaire ne mène qu’à la disgrâce. À Tshisekedi de choisir s’il souhaite être un bâtisseur de démocratie ou un apprenti dictateur. Le choix lui appartient, mais les leçons du passé sont claires : aucun pouvoir n’est éternel, et la voix du peuple finit toujours par triompher.